PHOTOGRAPHIES

LES PAYSAGES FICTIFS

2005

Série réalisée dans le cadre de la Mission "Rue de la Gare", partenariat entre l'Université Paris 8 et ICADE/EMGP.
8 photographies argentiques, format 24 x 36cm.

Cette série de photographies est née de l’exploration d’une vaste friche industrielle à la périphérie de Paris, l’un des exemples de ruine moderne les plus révélateurs, lieux catalyses représentatifs du paysage urbain, bâtiments industriels gorgés de mémoire. Comment le temps s'empare-t-il de ces constructions humaines, emmurées dans l'attente de leur destruction imminente ?

C’est au travers du paysage – ou plutôt de ce qu’il en reste : des bribes de paysage – que s’est concentrée ma démarche : la survivance de la nature dans un territoire urbain en mutation permanente. Sous-jacente car effectivement écrasée par les constructions industrielles, la nature y est comme plongée en léthargie, silencieuse, surgissant en filigrane, s'infiltrant dans les failles du sol ou des murs, prête à réinvestir les ruines – le lent retour à l’ordre naturel, la construction éphémère dans la destruction latente.

C’est ce même temps de latence qui fait naître, sous la surface de l’ici et du maintenant, dans les fissures d’un lieu maintenu sur le fil ténu de l'entre-deux, la possible existence d’un autre espace, alternatif, une échappatoire à la fois fictive et poétique. Il s’agissait non pas de rester dans une approche photographique strictement documentaire mais de se diriger vers ce qui peut mener, au sein d’un territoire défini, vers un ailleurs fictif, et le paysage est ainsi apparu comme un espace possible à inventer, une surface de projection à mettre en scène.

ALEXANDRE SOKOUROV

2008

Photographies réalisées en septembre 2008 à Saint-Pétersbourg pendant le tournage du documentaire "Alexandre Sokourov, Questions de cinéma", réalisé par Anne Imbert (2009, Fas Productions / Ciné Cinéma / RTV, 60 minutes - 2010 : 31e Festival International d'Amiens ; Festival International du Film de Dieppe ; 4e Festival International d'Ivanovo (Russie) ; 2011 : 35e Mostra Internacional de Cinema, Sao Paulo (Brésil),...)

Portraits du cinéaste Alexandre Sokourov ("Mère et fils", "L'Arche Russe", "Le Soleil", "Faust" - Lion d'Or à Venise en 2011, ...) réalisés à Lenfilm (studios de Saint-Pétersbourg), chez lui, et au bord de la Neva.

L'ÎLE INTÉRIEURE (L'OUEST)

2012

Exploration de l’île de Ouessant, Finis Terrae irradiant ses récits de navires échoués et de tempêtes légendaires, terre la plus occidentale de la France métropolitaine.

LA VILLEDIEU, ÉLANCOURT +31

2012

27 photographies argentiques, formats 40 x 46 cm.

Résidence d'artiste à la Ferme du Mousseau (Élancourt, 78).

J’ai passé mes 7 premières années à la Villedieu, quartier d’Élancourt. Son architecture, au bord de la route Nationale 10, est symptomatique de cette vaste « Ville nouvelle » qui a émergé dans les années soixante-dix. Je garde des souvenirs très heureux de ce qui était pour nous, enfants, une vaste aire de jeux, avec des décors comme trop grands. Mes parents s’y sont installés en 1979, ils étaient les premiers locataires de leur appartement au 1er étage d’un immeuble résidentiel. Dix ans plus tard, nous sommes partis vivre « à la campagne », et la Villedieu est sortie subitement de mon horizon.
La première fois que j'y reviens, 24 ans après, je suis frappé par un fort sentiment de familière étrangeté, comme Gulliver dans un territoire devenu miniature. Tout me semble disproportionné, comme si ma présence dans ce territoire de mon enfance était une erreur, un dysfonctionnement temporel. J’observe la vie qui s’y écoule, et dont je ne fais plus partie – je me sens comme un corps étranger. Explorer le terrain de jeu de son enfance amène forcément à s’interroger sur le temps qui passe. De la même façon que je me tourne vers mon passé, je cherche sur la surface même de la Villedieu des traces du passé dans le présent, des empreintes du souvenir sur ses matières, sur ses bâtiments, ses murs, ses sols. Je retourne dans mon école primaire pour regarder le mouvement des enfants qui jouent dans la cour de récréation, y cherchant des échos de mes propres souvenirs. Je retrouve et photographie une amie d’école, que je n’avais pas vue depuis plus de vingt ans : je cherche sur son visage mes repères d’enfant.
Sur le fil entre découverte et redécouverte, je recompose, image après image, le territoire mental du souvenir de l’enfance, effectuant volontairement des allers retours entre images qui se déploient au présent et réminiscences du passé, réactivation du souvenir au travers des figures d’aujourd’hui.

17, NOS HORIZONS

2017

Résidence d'artiste organisée par la Ville de Rambouillet / La Lanterne et la MJC-CS L'Usine à Chapeaux (2015-2016)

Pendant 6 mois, de novembre 2015 à août 2016, j'ai photographié 8 adolescents âgés de 12 à 17 ans, 4 filles et 4 garçons, habitant et/ou étant scolarisés à Rambouillet (78), ville de mon adolescence. D’autres jeunes les ont rejoints en cours de route, au gré de leurs fréquentations et des rencontres. Je les ai suivis dans leur quotidien, les photographiant et les filmant dans leurs territoires - chez eux, dans leur chambre, mais aussi dans les rues, dans leur établissement scolaire, dans les lieux qu'ils fréquentent. Entre documentaire et fiction, mise en scène et prise de vue spontanée, j'ai cherché à capter leur environnement intime, leurs mouvements incessants, leurs pauses, ainsi que leur façon de s'inscrire dans le paysage et de regarder la vie devant eux... 
J’ai cherché à évoquer, au travers de ces 8 individualités et de leurs visages changeants, cet âge de transition, de métamorphose, d'entre deux, la fin de l'enfance et le début de la jeunesse. Ce moment où l'horizon qui se dessine devant eux leur appartient: ils vont s'en saisir. Nos horizons, ce sont eux.
Ce projet n’aurait pas pu exister sans la participation et la confiance de mes modèles et de leurs familles: Manon Arnault, Antoine Bourguelle, Lyse Carlier, Mona Chevallier, Mathieu Deschamps, Lucas Giannico, Antoine Hameurt, Manon Lavigne, Kelly Lemaitre, Lucie Lesage, Colean Mosa, Marie Pavel et Roberto Schal.
Ce projet leur est dédié.